Catherine Tollet est une bénéficiaire du programme Soins Verts – Groene Zorg. Suite à un burnout, elle entend parler du programme, et se lance dans l’aventure. Ancienne cheffe de projet, son témoignage sincère montre à quel point un retour progressif au contact de la terre, dans un cadre bienveillant, peut contribuer à retrouver confiance, rythme et énergie. Elle partage ici, avec ses mots à elle, ce que cette expérience lui a apporté.
“Quand j’ai intégré le programme, j’étais au plus bas. Vraiment. Je ne voyais plus comment m’en sortir. Je me sentais inutile, un poids pour mes proches. J’avais l’impression que, parce que je ne travaillais plus, je ne valais plus rien. Et même si mes proches me disaient le contraire, je ne voyais que du noir. J’étais hospitalisée à ce moment-là. Mon médecin pensait que c’était plus prudent, tellement mes pensées étaient sombres.”
Et puis j’ai eu Camille au téléphone, et ensuite Benoît. Ils ont été tellement ouverts, bienveillants… Ils m’ont dit que je n’étais pas obligée de tout raconter. Que chacun arrivait avec son histoire, et que l’important, c’était de retrouver peu à peu l’estime de soi, à travers des choses simples. C’est ce que j’ai fait, en rejoignant une ferme et en découvrant le maraîchage.
Le matin, on aide l’agriculteur : on plante, on désherbe, on récolte. Il a besoin de nous, et ça fait du bien de se sentir utile. L’après-midi, on cultive une petite parcelle rien qu’à nous, à notre rythme, selon nos envies. Un jour, j’ai préféré ramasser des déchets plutôt que de planter. Camille m’a dit : “Pas de souci.” Tout est fait dans le respect, sans pression. Et puis, cerise sur le gâteau : on peut ramener une partie de notre récolte à la maison. C’est une belle récompense.
Petit à petit, j’ai commencé à retrouver confiance en moi. J’ai planté, vu les plantes pousser, puis les ai récoltées. C’est simple, oui. Mais sans moi pour arroser, désherber, rien n’aurait grandi. Et je me suis surprise à être fière. L’autre jour, j’ai cueilli une salade. Je me suis souvenue de la terre que j’avais préparée, du semis que j’avais planté… et j’ai pensé : C’est moi qui ai fait ça.
Ce lien à la terre me fait du bien. J’ai toujours aimé être dehors – j’ai étudié l’agronomie – mais dans mes anciens boulots, j’étais enfermée dans des usines. Ici, je suis au soleil, j’entends les oiseaux. Même sous la pluie, je me sens vivante. Et tout est fait à notre rythme. Ce n’est pas comme dans mon ancien métier de cheffe de projet où les résultats mettaient des mois à arriver. Ici, ça pousse vite. Et ça fait du bien.
Ce que je préfère ? Planter. Quand la terre est bien préparée, meuble et aérée… c’est un plaisir. Camille nous a appris à ne pas marcher sur la terre pour ne pas la tasser. Elle dit qu’une terre bien travaillée devient “amoureuse” : elle prend soin des plantes qu’on y met. J’adore cette image.
Aujourd’hui, je change de travail. C’est décidé. Je ne peux plus faire ce que je faisais avant. J’ai eu la chance que Marie et Jérémy, liés au programme, me proposent un job de vendeuse dans leur magasin. C’est un travail simple, à temps partiel. Idéal pour une reprise en douceur. Mon psychiatre et ma psychologue m’avaient dit : Un jour, tout va s’aligner. Je n’y croyais pas. Et pourtant, c’est arrivé. C’est comme si, à un moment, on était prêt, et les choses se mettaient en place.
Ce que je retiens le plus, c’est la bienveillance . Camille est incroyable, tout comme les agriculteurs. Je me suis sentie accueillie, entourée. Comme dans une nouvelle famille. Et ça a eu un impact bien au-delà de moi. Ma famille est heureuse de me voir mieux. Quand on est en burn-out, c’est dur d’être joyeux à la maison. Mais revenir chez soi avec le sourire, ça change tout . Ça rayonne.
Alors oui, peut-être que ça ne parlera pas tout de suite à tout le monde. Mais si on en parle souvent, si on partage ces témoignages,peut-être que, pour quelqu’un, ce sera le bon moment. Et là, la magie peut opérer.”